Regards critiques

" Le célèbre Maginot, dont l’artiste a trouvé une tête dans les collections du musée, se voit mixé avec une tête de chien de garde momifiée. Rappel, à n’en pas douter, de cet immobilisme de l’état-major français de l’Entre-deux-guerres symbolisé par la ligne Maginot, ce rempart qui était censé nous protéger de la folie guerrière de l’Allemagne nazie. Une tête de Gaulois, datée du XIXe siècle, que l’artiste accole à une gargouille, rend dérisoire la légende républicaine de Vercingétorix, dont le retour en gloire orchestré après la guerre franco-prussienne de 1870 visait la consolidation du sentiment national, dans l’esprit sacré de la « Revanche ».

 

Paul Ardenne Catalogue de l'exposition "Rémission, rétrospection" Musée de Sens 2015

 

 

" Créant à la mesure de son imaginaire son propre Cabinet des figures de cires (ici en fibres de verre), il pervertit la toute-puissance historique du palais Synodal, cette scène prépondérante de l'archidiocèse de Sens depuis dix huit siècles, au bénéfice d'un théâtre du sacrilège dans lequel les repères culturels, historiques et mythologiques passent sous le joug de ses propres pulsions. Dans ces lieux désacralisés, il s'agit bien d'un tableau allégorique qui puise dans notre mémoire collective les sujets de ses agissements réfractaires. Ce jeu de massacre ne se limite pas à Bacchus, au Centaure ou à Saint Sebastian. Il dévoie  également Marianne, Maginot et Voltaire dans cet agencement irrévérencieux et s'engage, au-delà de ces cibles, dans un large processus de désacralisation de nos images contemporaines. "

 

Claude Guibert "L'ensorcelant théâtre du sacrilège" Chroniques du chapeau noir 9 juillet 2015